Images venues
du monde flottant
Koro, vase en bronze pour les bâtonnets
Couverture du magazine Vogue, avril 1917
Une ouverture soudaine, un engouement immédiat
Pendant près de deux siècles, de 1639 à 1868, le Japon avait pratiqué la politique du sakoku, ou « pays fermé » ; les grandes puissances maritimes (Pays-Bas, Angleterre, Portugal, Espagne) avaient tenté de percer les mystères de ce monde interdit, en vain…
Ou presque, car de temps à autres, quelques produits arrivaient en Europe, des estampes et paravents d’un imaginaire incroyable, des porcelaines et des laques d’une finesse admirable… juste assez pour attiser encore plus la curiosité.
Il fallut attendre 1867 pour que le jeune empereur Meiji, bien qu’âgé de quinze ans seulement, ait une vision d’ouverture et de modernité pour son pays.
Quand les premières images du « monde flottant » (ukio-e) furent exposées aux Expositions Universelles, l’engouement fût fulgurant dans toute l’Europe.
Edmont de Goncourt consacra une monographie au peintre Hokusai, pendant que Whistler, James Tissot, Edgar Degas, Claude Monet, Vincent Van Gogh, Toulouse-Lautrec peignaient sous l’inspiration des estampes de Yoshida Hiroshi ou de Kawase Asui.
L’influence fut également considérable du côté des arts décoratifs : porcelaine, verre, comme chez Gallée, Daum, et Lalique, sur le mobilier et sur les textiles. La littérature et la musique ne furent pas en reste, avec Madame Chrysanthème de Pierre Loti et Madame Butterfly de Puccini, pour ne citer que les plus célèbres. Ce mouvement d’influence artistique réciproque, appelé Japonisme, atteint son apogée vers 1920 avec la période Art nouveau, ou Modern Art, comme en témoigne le vase Koro de la photo ci-dessus.
En juin 2003 sur la place rouge à Moscou, quelques 250 000 coquelicots,
A droite une création d’Issey Miyake.
Kenzo, Miyake, les précurseurs
C’est dans les années 70 que les précurseurs arrivent sur la scène européenne ; ils puisent encore largement leur inspiration dans les vêtements traditionnels japonais, avec des tissus très hauts en couleur, gais, spontanés : C’est d’abord Kenzo Takada qui ouvre sa première galerie rue Vivienne, suivi de Issey Miyake, Hanae Mori.
Dans les années 90 les deux « poids lourds » se retirent : Kenzo cède sa marque à LVMH et Miyake à Naoki Takisawa, et délègue à Shiseido la conception des parfums.
De nouveaux talents apparaissent, plutôt portés vers des lignes sobres, plus européennes et exploitant largement le noir. C’est le cas de Rei Kawakubo avec “comme des garcons”, Yoji Yamamoto avec la marque Y’s, de Junko Shimada, Yoshiki Hishinuma, Izumi Ogino, Koji Tatsuno…
Les années 2000
voient arriver une troisième génération de créateurs japonais caractérisée par une tendance « street », très délurée, avant-gardiste, voire carrément provocatrice.
Takahiro Miyashita, par exemple, est un véritable trublion dans la scène de la mode : son label, number (N)ine, offre un mélange de créations de styles indie des années 60, de grunge, hard rock, glitter et biker et vintage.
Jun Takahashi, ancien DJ et chanteur des "Tokyo Sex Pistols", au label "undercover" se fait particulièrement remarquer par un défilé de modèles jumeaux.Difficile avec cette diversité de définir un « style japonais », mais on retrouve tout de même en commun : -une quête d’inspiration philosophique, par exemple sur la relation entre l’harmonie et la tension, entre le corps et le vêtement et -une dualité permanente entre tradition et modernité, notamment par le recours aux technologies innovantes.
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